Apéro Champ libre : la réforme pénale, une vraie rupture ?

Pour son premier apéro débat, Champ libre a fait le choix de se pencher sur la réforme pénale portée par l’actuelle Garde des Sceaux dans la continuité de la conférence de consensus sur la prévention de la récidive.

Autour d’un verre, dans un bar du 20ème arrondissement de Paris, nos intervenants sont revenus sur la philosophie, les perspectives et les limites de cette réforme, censée mettre l’accent sur les alternatives à l’incarcération.

Bribes de discussions …

La conférence de consensus

La prévention de la récidive est un objectif négatif, le but est d’annihiler un risque. La conférence de consensus était censée faire émerger un consensus scientifique. On a placé la recherche de solutions dans le champ de l’efficacité et de la vérité scientifique, et cherché à légitimer des solutions politiques par la science. Les conclusions de la conférence de consensus devaient favoriser les alternatives à l’incarcération, limiter les sorties sèches et améliorer la vie en prison.

La contrainte pénale

Le projet de loi a pour principaux objectifs la suppression des peines plancher et la création de la contrainte pénale. On a évacué la suppression de la rétention de sûreté, ainsi que tout ce qui avait trait à la vie carcérale. La contrainte pénale crée une nouvelle peine de référence en milieu ouvert pour les délits inférieurs à 5 ans. A chaque fois que l’on crée une nouvelle peine, on crée une nouvelle population pénale. On va assister à une extension du contrôle social sur de nouvelles catégories de personnes.

La politique pénale de façon plus générale

Pour changer de paradigme pénal il faut changer de paradigme sociétal. En France on juge la nature de l’infraction, on ne prend pas en compte les besoins de la personne que l’on a en face. Le vrai changement de paradigme serait de passer d’une justice-sanction-punition à une justice-restauration-réhabilitation.

En milieu ouvert, les Conseillers d’Insertion et de Probation (CIP) peuvent avoir jusqu’à 200 dossiers. On ne réfléchit plus aux personnes que l’on a en face, on est dans la gestion de flux. Aujourd’hui la politique pénale ne fait aucune place au droit commun (soins, emploi, logement…). Tourner le dos au droit commun c’est tourner le dos aux problèmes sociaux.