En octobre, Georgine participe à son premier atelier avec Champ Libre. Elle nous raconte comment elle en est arrivée là et ce qu’elle a découvert…

Il y a quelques mois, deux amies qui travaillent en prison me parlent de l’association Champ Libre et de son action auprès des personnes détenues.

La prison est un monde que je connais peu mais qui me touche. C’est dans le cadre de mon travail que j’ai pour la première fois eu l’occasion de rencontrer ce milieu. Je travaille dans un théâtre et nous avions accueilli la restitution d’un projet porté par une compagnie, après plusieurs mois d’ateliers de théâtre menés avec des personnes détenues, hommes et femmes.

Quelques échanges, rencontres et réunions avec l’équipe de Champ Libre plus tard, on me propose d’accompagner un premier atelier au centre pénitentiaire de Réau, un atelier de composition florale.

Le jour J, le rendez-vous est fixé à 7h à l’atelier de Pampa, à Paris, où travaillent les deux fleuristes qui mèneront l’atelier. J’y retrouve Aude, bénévole depuis plusieurs années, et Laura et Colette, fleuristes. Laura est déjà intervenue plusieurs fois en prison. Pour Colette, c’est aussi une première. On charge les fleurs dans la voiture, qui nous emmène après une heure de route environ au centre pénitentiaire de Réau.

Première étape, rencontrer l’équipe de la maison des familles, située juste à côté de l’entrée de la prison. C’est là que les proches des détenus sont accueillis avant d’entrer en détention pour un parloir. Nous nous assurons que nous pourrons y déposer les bouquets réalisés par les détenus à la fin de l’atelier pour qu’ils soient remis à leurs proches lors de leur prochain parloir pour ceux qui le souhaitent.

Puis nous entrons dans la prison, des bacs remplis de fleurs à la main. Les fleurs intriguent les surveillants que nous rencontrons tout au long de notre parcours jusqu’à la salle où va se dérouler l’atelier. Certains ont l’air d’autant plus surpris que l’atelier de composition florale soit organisé pour un groupe d’hommes. Après une heure d’attente (l’atelier, prévu à 9h, ne commencera qu’à 10h), qui nous donne l’occasion de discuter de la vie et du travail en détention, des expériences de chacune en lien avec la prison, l’atelier s’apprête à débuter. Avec un peu d’appréhension et beaucoup d’impatience, j’attends que les détenus nous rejoignent. Dans la petite salle où nous allons passer une heure et demie, nous avons disposé les fleurs sur la table de ping pong autour de laquelle se déroulera l’atelier.

Les détenus arrivent, ils sont finalement dix. Je suis frappée par la jeunesse de certains d’entre eux. On se salue, Aude présente l’association, Laura et Colette. L’atelier peut commencer. Laura explique et montre étape par étape comment composer un bouquet : nettoyer les tiges, positionner les fleurs les unes par rapport aux autres, couper les fleurs, nouer le bouquet… Ils écoutent attentivement et se lancent. L’ambiance est studieuse et détendue, les dix participants s’appliquent, s’entraident, blaguent. Les bouquets sont tous différents et très réussis. Laura et Colette ont amené des cartes pour accompagner les fleurs, chacun prend le temps d’écrire quelques mots et de les glisser dans son bouquet avant de nous le confier. Pour la grande partie d’entre eux, ils sont destinés à leur amie ou à leur mère. L’un d’entre eux me demande d’écrire pour lui les mots attentionnés qu’il adresse à sa mère. On est bien loin de tous les clichés ou préjugés qui entourent le milieu carcéral et les personnes détenues.

L’atelier est déjà terminé. Le temps de ranger la salle et de se dire au revoir, nous ressortons avec les bouquets, que nous déposons à la maison des familles, avant de repartir avec le souvenir de cette première expérience.

Mon prochain atelier ? La linogravure à la maison d’arrêt de Versailles…