Anaïs, membre de l’Association étudiante pour la Promotion des Arts du Monde Islamique (Apami) de la Sorbonne, est intervenue en Upaja avec Champ Libre. Elle nous raconte son expérience, interviewé par Unt, bénévole à Champ Libre.

Comment as-tu connu Champ Libre ?

Au départ, l’association était à destination des chercheurs pour promouvoir l’étude des arts de l’Islam. Elle était un peu abandonnée et, quand on l’a reprise, on a souhaité l’ouvrir vers le grand public. Nous avons mis en place des expositions avant la pandémie, mais aussi fait des médiations en milieu scolaire. Je souhaitais faire une médiation en milieu pénitentiaire, et une autre association étudiante nous a appris l’existence de Champ Libre qui pouvait faire l’intermédiaire. J’ai donc pris contact un peu avant le Covid, et j’ai suivi la formation. Malheureusement, l’atelier n’a pas pu se tenir, mais Champ Libre m’a ensuite rappelée pour me proposer d’intervenir en milieu psychiatrique. C’était très intéressant, ce changement de programme m’allait très bien !

Comment s’est déroulé l’atelier ?

J’ai donné un cycle de conférences, en quelques sortes. La première séance parlait de l’architecture, notamment religieuse. Nous avons parlé des Mosquées et des trois lieux saints de l’Islam (la Maison du Prophète, le Dôme du Rocher et la Kaaba). Ensuite, j’ai montré des mosquées de toutes les régions du monde, de l’Espagne à la Chine, et avec elles les variations de l’architecture religieuse.

Le deuxième cycle portait sur les manuscrits islamiques. J’ai voulu montrer pourquoi ils sont autant étudiés, notamment les manuscrits coraniques : la calligraphie qui retranscrit la parole divine et très symbolique et intéressante. On a également parlé des manuscrits profanes scientifiques, littéraires, historiques… Les représentations figurées diffèrent dans les mondes arabophone, persan et indien.

Que retiens-tu de l’expérience ?

L’expérience avec les jeunes en elle-même était très enrichissante. Ils étaient assez nombreux, peut-être six, alors que dans l’unité ils sont moins d’une vingtaine.

J’étais assez stressée au début, j’ai parlé trop vite et fini en une heure au lieu de deux. Cela a permis d’échanger longtemps avec les participants, qui n’étaient pas intervenus pendant la présentation. J’appréhendais un peu le sujet, car actuellement il y a beaucoup d’amalgames et de méconnaissance de que c’est l’Islam… En fait ils étaient très intéressés et même connaisseurs. Ils ont posé énormément de questions, sans se mettre de barrière. J’ai réalisé que, pour la séance suivante, je pouvais monter le niveau. Je leur ai demandé s’ils avaient des attentes et ils ont demandé des informations sur des sujets très spécifiques, comme le Chiisme qui est un courant moins connu de l’Islam. Ils étaient motivés, partant pour échanger, pour discuter de leurs connaissances.

La bénévole de Champ Libre était très gentille, elle m’a aidée à surmonter mon stress ; c’était important d’avoir le soutien de quelqu’un qui s’implique dans l’atelier.

Au final, c’est une expérience carrément positive, et j’ai très envie d’en refaire ! Les participants de l’Upaja ont l’air partants pour beaucoup de sujets différents. Je pourrais faire d’autres cycles sur l’Islam, ou sur d’autres pans de l’histoire de l’art par exemple la photographie. Et évidemment, je suis partante pour faire un atelier en détention.