Apéro POPulaire #11 : la santé et les corps en détention

Dans le cadre des 25e Journées Nationales Prison, Fiona et Hélène organisent un nouvel Apéro POP pour parler corps et santé en détention, deux thèmes qui se répondent.

Le corps en prison est un corps empêché, mis à l’épreuve. Contraint par l’espace, le temps qui défile et laisse des traces, tout comme les conditions de détention qui impactent les physiques. Le corps de la personne détenue est alors tantôt oublié, en sommeil, tantôt façonné à travers le rituel de l’entrainement sportif.

… des problématiques qu’on questionnera autour de quelques verres à la Maison Bistrot !

Pour venir :

Quand ? Le jeudi 22 novembre à 19h30

Où ? Le Maison Bistrot, 65 boulevard de la Villette 75010

Les Journées Nationales Prison, c’est quoi ?

Les JNP visent à sensibiliser le grand public aux thématiques carcérales à travers de nombreuses manifestations et évènements : conférences, colloques, projections de films, expositions, ateliers de théâtre… Chaque année, les associations organisatrices s’inspirent d’un thème différent pour interpeller le public.

L’amélioration des conditions de détention et la réinsertion ne peuvent aboutir qu’avec le soutien d’une opinion publique bien informée, d’où l’importance de ces Journées Nationales Prison, mises en place cette année pour la première fois dans plusieurs pays d’Europe.

Un Apéro POPulaire en quoi ça consiste ?

Ces rencontres ont pour objectif d’amener les citoyens à débattre, dans un cadre convivial et décontracté, des problématiques carcérales et d’isolement. Plus qu’une simple formule, l’éducation populaire c’est une façon de concevoir l’espace de débat, par petites table de 6/7 personnes maximum en invitant les participants à se mélanger. En privilégiant l’horizontalité des échanges, il permet à chacun de forger sa conscience politique. Il n’y a donc pas un « sachant » qui va enseigner aux « apprenants » mais un ensemble de citoyens, de préférence le plus divers possible, qui vont développer leur esprit critique.

Fiona parle de l’Apéro POP sur les ondes

Laure nous raconte

Qu’est-ce qu’un Apéro POPulaire ? Qu’as-tu pensé de ce format ?

Le principe est le suivant : des questions étaient posées par les animatrices de l’apéro, et chaque équipe avait un peu de temps pour discuter de la réponse puis l’inscrire sur une ardoise. C’était très intéressant de constater à quel point certaines représentations reposent uniquement sur des clichés et des présupposés, notamment sur la question de la mortalité en prison, ou de la couverture santé, que j’ai difficilement réussi à chiffrer ou à définir.

En plus d’être l’occasion d’une sympathique bière, ça m’a permis d’emmagasiner de nombreuses connaissances, sur des questions qui ne m’avaient pour certaines même pas traversé l’esprit.

Quelles questions avez-vous abordés ?

Il a d’abord été question des maladies en prison, et le chiffre de 2%, qui correspond au pourcentage de détenu atteints du VIH (contre environ 0,008% de la population) me semble être significatif de l’état de santé des détenus. Sur la gestion des maladies, nous avons pris connaissance des dispositifs mis à disposition des prisonniers, notamment l’UCSA (organisation des services médicaux en prison) qui les traite et permet aux femmes d’avoir accès à des consultations gynécologiques et la SECU qui les couvre financièrement, mais aussi des difficultés que pose la prison aux malades.

De nombreux éléments ont été pointés du doigt : le non-respect du secret médical, dû à la présence courante du personnel pénitencier aux consultations (« le patient s’efface devant le détenu ») ou encore l’absence d’auxiliaires de vie (remplacés par les codétenus) pour accompagner les détenus handicapés. Ces derniers souffrent de plus de l’incompatibilité fréquente entre leur handicap et le travail proposé par la prison, ainsi que d’un revenu qui ne couvre que 30% en moyenne de ce qu’ils touchaient en liberté. La loi du 10 octobre 2010 est la première à se pencher réellement sur la question, en rendant obligatoire l’aménagement des centres pénitentiaires pour l’accueil de population en situation de handicap physique. La mortalité en prison a ensuite fait l’objet d’un autre débat, et j’y ai appris que sur les 250 morts de l’années 2017, 117 sont des suicides, les arrivants et les placés en quartier d’isolement étant les plus concernés.

Enfin, même si l’apéro était dédié à la santé physique, nous avons progressivement fait le lien avec la santé mentale, et notamment avec la question des addictions, par exemple, 25% de la population carcérale souffre de troubles d’addiction.
Le débat que ce chiffre a entrainé ainsi que les interrogations qu’il a suscitées promet peut-être un prochain Apéro populaire sur la question de la santé mentale en prison qui, je l’espère, sera tout aussi intéressant que celui-là !