La prison est un monde a part, souvent méconnu et fantasmé. Pourtant, chacun semble avoir un avis bien tranché sur le sujet. Plutôt que de rester sur des « on dit » et « il parait que… » on vous propose de venir discuter du sujet dans un climat convivial et apaisé : 2h autour de quelques verres et de petites douceurs pour déconstruire les préjugés sur la prison.

– vous n’y connaissez rien de rien mais vous voulez savoir si les détenus portent vraiment des tenues orange comme dans les séries américaines (VENEZ, CE FORMAT EST FAIT POUR VOUS!)
– vous êtes un spécialiste et vous êtes frustré du peu d’espace de débat citoyen sur la question, c’est l’occaz !
– vous avez envie de passer un bon moment : rencontrer des personnes sympathiques et avoir un bon alibi pour échanger.

Venez comme vous êtes, avec quelques euros en poche pour siroter la boisson de votre choix. Yves et Gaëlle s’occupent du reste !

On se servira d’outils de Makesence pour développer de nouvelles manières de faire de l’éducation populaire afin de ne pas rester sur un simple constat mais de tenter de voir comment agir afin de transformer le milieu carcéral.

🍻 L’occasion aussi de découvrir La Trockette, le super café associatif de La Petite Rockette qui nous accueille ce soir-là !

Et jeudi 17 octobre à 19h30 c’est aussi la Nuits des débats !

Yves, bénévole de Champ Libre s’est rendu à la Maison d’Arrêt de Bois d’Arcy pour accompagner Anne et Jeanne de l’association Théâtre des Merveilles pour un cycle de trois ateliers-théâtre. Au programme : improvisation, expression verbale et corporelle, et travail de textes. De beaux moments de partage, d’émotion, et beaucoup de rires. Anne et Jeanne nous racontent leur expérience…

Pouvez-vous nous présenter votre théâtre ?

Notre association Théâtre des Merveilles a pour vocation de permettre à tous, et en particulier aux personnes isolées, de se sentir mieux au quotidien pour mieux-vivre ensemble, grâce à la pratique théâtrale. Nous animons donc en binôme des ateliers-théâtre en faveur de tous les publics dits en difficulté : personnes réfugiées et demandeurs d’asile, personnes sans domicile, détenus et sortants de prison, personnes âgées, hospitalisées, jeunes en quartier prioritaire. Nous tentons, autant que possible, d’ouvrir les portes de nos ateliers au grand public afin de créer du lien entre personnes éloignées. Notre pratique permet ainsi de lutter contre l’isolement et contre l’exclusion culturelle.

Comment en êtes-vous arrivées à intervenir en détention ?

Dans notre démarche de casser les barrières avec les publics isolés, naturellement, les lieux fermés sont des endroits auxquels nous sommes sensibles. Dès la naissance de notre association Théâtre des Merveilles, nous pensions au milieu carcéral. La prison, le fait que les détenus soient coupés du monde, éveillait en nous le désir  de créer du lien avec eux. Nous avons du coup voulu rencontrer Champ Libre, et, parce que nous partageons des valeurs communes, naturellement, nous avons immédiatement souhaité collaborer ensemble. Là, nous avons mis en place un premier cycle d’ateliers-théâtre durant l’été à la Maison d’Arrêt de Bois d’Arcy.

Quel est votre objectif à travers ces ateliers-théâtre ?

Aucun participant n’avait fait de théâtre, donc c’est déjà l’occasion de leur donner un accès à cette pratique. Même sans expérience, ils ont tout compris directement. Nous avons été surprises de l’énergie incroyable qui s’est déployée là. De toutes nos expériences théâtrales, on a rarement vu une telle vitalité. Tous s’impliquent et donnent beaucoup d’eux-mêmes tout en s’amusant. C’est là le merveilleux pouvoir du théâtre !

Dans ce lieu « fermé » où les détenus vivent un quotidien difficile, le simple fait d’aller à leur rencontre et de leur donner l’occasion de s’exprimer librement (verbalement et physiquement) donne lieu à des moments de théâtre – et tout simplement de vie – absolument extraordinaires. Il y a une urgence parce que dans leur quotidien en détention, ils n’ont pas l’occasion de s’exprimer, d’être regardés et écoutés. Alors tout d’un coup, le fait d’être placés au centre de l’attention, d’être considéré et valorisé, de prendre le temps de ça, c’est énorme.

Qu’est-ce que vous avez apporté aux détenus ?

On a tous besoin d’écoute et d’attention, les détenus plus que personne, donc pouvoir leur apporter ça – entre autres – grâce au théâtre c’est merveilleux ! Ça a été une belle contribution pour eux parce que ça répond à une vraie nécessité à la fois de s’exprimer, de s’amuser, et de s’unir aux autres participants à l’atelier et à nous (personnes extérieures à la prison). Mais ce sont eux les plus à même d’en parler ! Nous avons pris note des témoignages qu’ils nous ont livrés lors du bilan. En voici quelques-uns :

« Le théâtre ça fait énormément de bien. C’est un apport énorme : on sort de nos cellules, on se change les idées, on construit quelque chose. Ça permet de mieux s’accepter, de mieux vivre la détention, réfléchir sur le passé et surtout sur l’avenir. »

« Le théâtre nous a permis de nous ouvrir, d’extérioriser ce qu’on a en nous. Jouer la vie, ça nous touche beaucoup parce qu’on en parle jamais, et c’est important. »

« Ça permet de mieux se connaître les uns les autres, de s’entraider et se sentir moins seul. »

« Ces ateliers-théâtre, ça nous a permis de nous évader, de sortir de « tout ça », de nous changer les idées, rencontrer des gens et créer des liens. »

« Ça permet de s’exprimer, on a le temps de dire ce qu’on a envie, ce qu’on ressent. Ça fait du bien, c’est positif. Jouer la vie ça fait réfléchir et ça permet de se sentir mieux. »

Enfin, les détenus qui sortent bientôt de prison nous ont fait part de leur souhait de participer à nos ateliers-théâtre hebdomadaires ouverts à tous à Paris. Ils savent qu’ils sont tous les bienvenus !

Les au-revoir ont été très émouvants. Mais nous garderons tout ça très fort en nous et nous allons continuer autant que possible à aller donner des ateliers-théâtre en détention, certainement avec Champ Libre.

Qu’est ce que ces ateliers vous ont apporté ?

Nous avons la sensation que cette aventure commune a été aussi riche pour les détenus que pour nous. Quand on sort de l’atelier, on ressent très fort l’apport que ça a été : on se sent chargées, enrichies. Et on a aussi la sensation d’avoir apporté quelque chose. C’est vraiment un échange d’égal à égal, et cette dimension là est absolument formidable. Ça a été une rencontre humaine et artistique très forte, bénéfique aussi pour les autres ateliers-théâtre que l’on anime. C’est donc aussi un grand apport pour notre association.